Durant les années 80, des bénévoles d’archéologie subaquatique ont découvert et inventorié de nombreux sites archéologiques immergés dans le fleuve Charente. Ces vestiges sont principalement datables des périodes modernes et médiévales, mais les plus anciens mis au jour en amont du fleuve remontent à la période néolithique. Ces archéologues plongeurs œuvrent dans le cadre d’autorisations préfectorales délivrées par le Service Régional de l’Archéologie du Poitou-Charentes. Ils sont regroupés depuis au sein de l’Association de Recherche et d’Etude du Patrimoine Maritime et Fluvial (AREPMAREF).
À la fin de la préhistoire, les hommes chasseurs-cueilleurs avaient un lien privilégié avec le milieu humide. Ils installaient leurs campements, puis leurs villages dans les marais, aux bords des lacs, des cours d’eau et parfois même dans le lit mineur de ces derniers. Ces espaces leur offraient protection et subsistance, notamment grâce aux pratiques halieutiques*. Ils ont aussi utilisé ces voies de communication naturelles pour se déplacer, échanger ou commercer. Progressivement, ces chasseurs-cueilleurs ont entamé une sédentarisation en développant l’agriculture et l’élevage. Cette période charnière, située entre 7000 et 2 500 ans av J.-C., prend le nom de Néolithique.
L’homme a laissé de nombreux témoignages de ce nouveau mode de vie et plus encore. En effet, les eaux, espaces vitaux pour le développement et la survie de l’espèce humaine, seront aussi des lieux de cultes. De nombreux dépôts votifs (haches polies, céramiques, silex taillés) illustrent le lien qui unit l’homme à cet environnement spécifique. Sur les bords de la Charente, hormis les dépôts fluviatiles découverts sur les terrasses alluviales de la Charente, les premières traces d'occupation remontent au paléolithique moyen et supérieur (40 000 – 10 000 av J.-C.).
Elles ont été notamment mises au jour en 2011 sur la commune de Bourg Charente lors de fouilles préventives. Les prospections et fouilles subaquatiques, entreprises depuis plusieurs années dans la Charente et dans certains de ses affluentsont livré quelques outils (petites lames de silex remontant au mésolithique (8 000 – 6 000 av JC) et de très nombreux vestiges allant du néolithique à la protohistoire (âge du bronze et âge du fer). Un important corpus de vases et de tessons découvert dans le lit mineur actuel du fleuve atteste de la présence d’habitat ou d’aménagement de berges.
Les lieux de trouvaille ne correspondent pas obligatoirement à leurs emplacements primitifs. Beaucoup ont été fortement érodés par le mouvement des sédiments, voire roulés au fond du fleuve. D’autres (vases ou grands fragments), en excellent état de conservation, furent probablement découverts fort près de leurs lieux de perte ou de dépôt à l’instar d’une grosse bouteille artenacienne (néolithique final 3 000 av. J-C), émergeant de la berge actuelle.
(*) Pratique de pêche.
En livrant des tessons du néolithique ancien et du néolithique moyen (6 000 – 4 000 av J.-C.), les recherches subaquatiques ont fourni des éléments illustrant des périodes encore très mal documentées en Poitou-Charentes ; leur apport est ainsi essentiel pour la connaissance de ces périodes.
Ainsi, en 1982, un tesson à décor cardial du néolithique ancien (décor exécuté à l'aide d'un coquillage) a été mis au jour à Chérac, au lieu-dit Dion, en Charente-Maritime.
En 1992, plusieurs gros tessons issus du gué Renard, près de Jarnac, sont attribués à la civilisation de
Peu-Richard (2 800 av. J.-C.). L’année suivante, plusieurs tessons du bronze ancien (1 800-1 500 av. J.-C.), avec décors, sont mis au jour à Merpins (Charente).
Le principal gisement néolithique inscrit dans le lit du fleuve est localisé sur la commune de Saint-Simon. Depuis 1995, les prospections effectuées sur cette commune,
sous la responsabilité de J.-P. Gailledreau (bénévole), ont permis de mettre au jour plusieurs structures
en bois (pêcheries et aménagements de berges), ainsi qu’un important mobilier archéologique (haches polies, silex taillés, meule, polissoir, éléments ostéologiques, tessons et céramiques entières), qui attestent du début de la sédentarisation de l'homme du néolithique sur les berges de la Charente.
Les datations au carbone 14, acquises sur les différents bois prélevés et l'étude typo-chronologique des objets, placent ces vestiges entre le néolithique ancien et le néolithiquerécent (5 000 – 2 500 ans av. J.-C.). L'étude dendrochronologique d’un bois prélevé lors d’un sondage resserre la fourchette chronologique à 4 885-4 635 av. J.-C. Le site ainsi daté s’étend sur plus de deux kilomètres du fleuve.
Complétant les investigations subaquatiques, des prospections aériennes font apparaître de grands cercles protohistoriques sur les parcelles avoisinantes du fleuve (cercles funéraires datables approximativement de 2 500 av. J.-C.).
Les petits affluents de la Charente, comme le Brassiaud, à Angeac, ne sont pas exempts de sites immergés datant aussi du néolithique. Entre 2002 et 2004, plusieurs aménagements accompagnés de mobiliers en place (tessons de céramiques) sont inventoriés dans quatre zones distinctes de cet affluent.
Les datations au carbone 14, acquises sur les différents bois prélevés et l’étude typo-chronologique des objets, placent ces vestiges entre le néolithique ancien et le néolithiquerécent (5 000 – 2 500 ans av. J.-C.). L’étude dendrochronologique d'un bois prélevé lors d’un sondage resserre la fourchette chronologique à 4 885-4 635 av. J.-C. Le site ainsi daté s’étend sur plus de deux kilomètres du fleuve.
Complétant les investigations subaquatiques, des prospections aériennes font apparaître de grands cercles protohistoriques sur les parcelles avoisinantes du fleuve (cercles funéraires datables approximativement de 2 500 av. J.-C.).
Les petits affluents de la Charente, comme le Brassiaud, à Angeac, ne sont pas exempts de sites immergés datant aussi du néolithique. Entre 2002 et 2004, plusieurs aménagements accompagnés de mobiliers en place (tessons de céramiques) sont inventoriés dans quatre zones distinctes de cet affluent.
L’utilisation des voies navigables à la période néolithique est aussi évoquée lors de découvertes subaquatiques. Si les prémices de la navigation fluviale sont plus anciens, comme l’attestent les découvertes de pirogues monoxyles mésolithiques en Europe du Nord, le fleuve Charente a livré une des premières embarcations connue à ce jour. En 1979, une pirogue monoxyle fut mise au jour fortuitement à Bourg-Charente, par des plongeurs amateurs de Jarnac. Cette embarcation, taillée dans le tronc d'un chêne, mesure 5,56 mètres de long. Sa largeur varie : 60 cm à la poupe et 40 cm à la proue. Datée par carbone 14, elle remonte à 2 590 ans av. J.-C. Cette trouvaille est le témoignage le plus ancien de la navigation sur le fleuve Charente. Bien que les embarcations aient évolué à travers les âges, en fonction des techniques de construction et des besoins, la pirogue monoxyle sera présente et côtoiera les gabarres sur la Charente jusqu’à la période moderne. Là encore, un affluent de la Charente a complété la connaissance archéo-logique du bassin fluvial Charentais. C’est dans l'Aume, sur la commune de Saint Fraigne, que la pirogue la plus récente fut découverte. Elle est datée entre 1495 et 1 800 ans ap JC.
Il faut être conscient que le paysage de la vallée de la Charente, à l’époque de la préhistoire, était différent de celui que nous voyons aujourd’hui. Les mécanismes naturels dus à l'érosion, les dépôts de sédiments, puis les aménagements successifs du lit du fleuve au cours des âges (gués, digues, moulins, écluses), ont profondément modifié son niveau et son cours.
Il est évident qu’un certain nombre de sites immergés et mis au jour au cours de nos prospections étaient à l’origine des sites terrestres, recouverts puis découverts au gré des dépôts et déplacements alluvionnaires.
D’autres, comme les petits gisements de céramiques, d’objets en bronze ou d’épées, pour la protohistoire, sont probablement aquatiques et liés à des pratiques votives courantes dès le néolithique.
Jean Pierre GAILLEDREAU
Le peuple des Santons possédait sur l'Atlantique, une des régions naturelles faites de ports, de caps et d'Iles, qui étaient prédestinées aux conquêtes maritimes. Si l’on croit en cette citation de l'historien Camille Jullian, il serait tentant de voir jouer au fleuve Charente, un rôle prépondérant en termes de commerce et d’échanges, à la descente comme à la remontée du courant. La réalité des traces matérielles recueillies doivent nous conduire à plus de prudence et de modération. Ce grand élan annoncé par Camille Jullian était avant tout pour lui une construction théorique pour mieux expliquer la concurrence économique entre Saintes et Bordeaux à l'époque antique, la seconde devant très rapidement prendre le dessus compte tenu de sa position propice dans l’estuaire de la Gironde. Cette ouverture vers les confins Atlantiques peut surprendre quand on tient à parler du village gabarier de Saint-Simon, et pourtant gens de mer, gens des fleuves côtiers, étaient intimement imbriqués. Pensons par exemple que jusqu’à la fin du XIX siècle, les gabarriers étaient des inscrits maritimes (ils effectuaient cinq années de service dans la royale).
Et la Charente est entrée dans l’histoire…
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